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Covid-19 : ces collectivités qui portent l’élan solidaire des citoyens sur le web

Publié le : 8 avril 2020 à 09:30
Dernière mise à jour : 14 avril 2020 à 20:08
Par Anne Revol

Masque ou pas masque, la solidarité des citoyens a pointé le bout de son nez dès le début du confinement. Depuis, les initiatives de proximité se multiplient. Témoins directs de cette dynamique, les collectivités territoriales ont rapidement et massivement mis à disposition de leurs habitants des plateformes d’entraide locale sur le web, assurant l'une des missions majeures de la communication publique : encourager les volontés citoyennes.

« L’un des rôles de la communication des collectivités pendant cette période de crise est de faire accoucher le meilleur de chacun des administrés en leur offrant un support nécessaire à la valorisation de ces initiatives pour les encourager », souligne Florian Silnicki lors de son interview sur les priorités de la com de crise. Un enjeu très vite mis en œuvre par les services de communication des collectivités. Depuis le début de la crise, villes, départements, régions lancent des dispositifs pour favoriser la relation entre les habitants qui veulent aident et ceux qui ont besoin de soutien : ouverture de numéros de téléphone et mails spéciaux dans les mairies, de groupes Facebook d’entraide, comme à Saint-Médard, ou à Avranches, etc. Certaines collectivités se sont également appuyées sur la plateforme nationale Réserve civique en y déposant les besoins d’entraide locaux et en invitant leurs habitants à s’y inscrire.

Des « Bon Coin » version territoriale

D’autres, voyant se multiplier les initiatives solidaires des citoyens sur les réseaux et autres canaux, ont développé leur propre site web d’entraide locale pour centraliser et favoriser ces dynamiques. Gage de sérieux de l'institution (elles assurent le plus souvent une modération pour éviter les abus commerciaux) et force de promotion de l'outil à l'appui. Des sortes de « Bon Coin » de l'entraide territorialisée de plus en plus nombreuse sur le web.
À l'instar du célèbre site de petites annonces, ces sites permettent de consulter et de déposer des offres et des demandes d’aide liées à la période de confinement. Des « annonces » le plus souvent géolocalisées et catégorisées par types (courses, garde d’enfant, aide aux devoirs, aide administrative ou informatique, maintien du contact, etc.) et par moyens de les mettre en œuvre (à distance ou en présentiel). Les habitants peuvent aussi y retrouver les consignes réglementaires nationales et locales, les documents officiels utiles comme l’attestation de déplacement dérogatoire, des actualités, des liens vers les sites officiels utiles et parfois des boîtes à idées.

Des sites d’entraide mis en ligne rapidement

Il n’a fallu que quelques jours après le début du confinement à certaines collectivités pour lancer leur plateforme d’entraide. « Dès l’annonce des mesures, le maire de Saint-Genis-Pouilly nous a demandé de mettre en place une plateforme gratuite solidaire pour aider les habitants de la commune et des alentours, » explique Adeline Primpier, responsable communication de cette commune de 12 000 habitants. « Nous avons fait appel à notre graphiste qui a réalisé la plateforme Saint-Genis-Pouilly Solidaires. »

« En amont, nous avons diffusé un message aux habitants via notre page Facebook, site Internet, Application mobile, panneaux lumineux… La plateforme a été mise en ligne le 19 mars 2020 avec les premières demandes que nous avions reçues. » Elle fonctionne sur le principe d’un site de petites annonces (catégorisation, compte pour pouvoir déposer une proposition d’aide) géolocalisées et est ouverte à l’ensemble du Pays du Gex, territoire où se trouve la commune.

Saint-Genis-Pouilly a ainsi emboîté le pas à la ville de Grenoble. La capitale iséroise a mis en ligne le 18 mars le site Grenoble Voisins Voisines. En deux jours, 700 participations avaient déjà été proposées. Cette plateforme vise à favoriser la solidarité d’ultra-proximité, celle des réseaux de voisinage, pour faciliter les relations tout en limitant les déplacements et les contacts. La plateforme grenobloise a été dévéloppée en quatre jours seulement suite au lancement d’un hackathon et avec l’appui de La Péniche/Turbine, un centre dédié à l'innovation sociale via le numérique, et de l'agence web Eolas.

Des acteurs privés du web public en soutien

Depuis, l’initiative grenobloise a essaimé. Eolas, qui a conçu le principe de la plateforme de mise en relation entre habitants, la propose à l’ensemble des collectivités sous le nom de : Entraidons-nous. La solution, à faible coût, personnalisable et rapidement déployable, est déjà utilisée par une trentaine de collectivités de toutes tailles : Seyssins (7 200 habitants), Lyon, la ville d’Aix-en-Provence, la communauté d'agglomération Porte de l'Isère (CAPI), le département de l’Orne suivi en ce début avril par celui de la Lozère, de la Loire, etc.

Au côté d'Eolas, Inovagora, un autre acteur du web du secteur public, propose aussi une solution « clés en main » : Soyons Solidaires. Montgeron, Rezé ou encore Besançon ont par exemple choisi cette architecture pour déployer leur site d'entraide.

D’autres acteurs numériques prêtent main forte aux collectivités. Le Grand Figeac a pu ainsi compter sur le prestataire local Informatique Lot Célé pour le développement gracieux de sa plateforme Mon voisin solidaire.

Les villes de Carpentras, Dieulefit, Saint-Raphaël ou encore Tassin-la-Demi-Lune ont quant à elles lancé leur plateforme solidaire en utilisant le module AgilyBox. La solution, développée par Agilyteam, est proposée gratuitement aux collectivités pendant la crise.

Des affiches pour que l’entraide ne passe pas que par le numérique

Face à ce déferlement de supports numériques de solidarité, se pose forcément la question de ceux qui n'ont pas ou peu accès à internet. À l’instar du site gouvernemental Réserve civique qui met à disposition le kit « Coronavirus : et si on s’organisait entre voisins ? », de l'association Voisins Solidaires (affiche, tract, annuaire des voisins, panneau des voisins), plusieurs plateformes d'entraide de collectivités ainsi que les sites institutionnels de certaines collectivités proposent des affiches à télécharger et à coller par exemple dans son immeuble pour favoriser l’échange des demandes et offres solidaires sans nécessairement passer par le numérique.

affiche Strasbourg

De la démocratie participative à la solidarité participative, il n’y a qu’un site

Dans la même logique, plusieurs collectivités ont réaffecté tout ou partie de leurs plateformes de participation citoyenne déjà existantes à l’échange d’initiatives solidaires entre habitants, comme Paris Idée, la Fabrique citoyenne de Rennes, ou la plateforme de l’Agence de la participation citoyenne de Mulhouse rebaptisée Mulhouse résiste. À Sotteville-lès-Rouen, le site participatif était en cours de développement. Le service communication s’est appuyé sur l’architecture déjà conçue pour lancer rapidement MonSotteville.fr.

Autres solutions clés en main mais dont l’objet premier a été adapté le temps de la crise : les plateformes d’entraide associatives. À Bordeaux, la plateforme Je participe Bordeaux, habituellement utilisée par les associations pour publier leurs missions et trouver des bénévoles, met à disposition des habitants un espace Entraide Covid-19 recensant et géolocalisant les demandes et offres solidaires. Même adaptation pour la plateforme d’échange et d’entraide des associations de Lille Place des Assos, et de Toulouse.

Des plateformes de solidarité alimentaire

Pour répondre à la fois à la nécessité de s’alimenter, à l’obligation de limiter ses déplacements et au soutien aux producteurs locaux, plusieurs collectivités ont lancé des plateformes digitales de solidarité alimentaire.
Parmi les premières, celle de la région Occitanie qui s’inscrit dans la continuité de sa campagne de soutien au commerce local Dans ma zone lancée quelques semaines avant le début de la crise sanitaire. Son site solidarite-occitanie-alimentation.fr recense les producteurs et commerçants locaux qui proposent la livraison à domicile de leurs produits.
La ville de Lyon s’appuie sur deux plateformes déjà existantes, « Mes Producteurs, Mes Cuisiniers » et « Ma ville mon shopping », pour permettre aux producteurs des marchés de la ville de proposer aux Lyonnais des paniers de produits frais en points relais ou en livraison.
Le département de la Loire propose sur son site d’entraide une carte des producteurs locaux réalisée par la chambre d'agriculture départementale. Un module commerce local que l'on retrouve sur d'autres sites d'entraide solidaire de collectivités.

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