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Donner du pouvoir à la parole

Publié le : 1 décembre 2022 à 07:46
Dernière mise à jour : 1 décembre 2022 à 15:56
Par Yves Charmont

Pour faire connaître l’existence de la Commission nationale du débat public (CNDP) et mettre en avant son rôle de « contre-pouvoir », Valérie Zoydo a co-réalisé « Ma parole a du pouvoir ». Elle revient sur la fabrication de ce documentaire de 20 minutes lauréat du trophée d’argent 2022 – catégorie Info « Organisations et responsabilité sociale » – aux Deauville Green Awards. 

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Valérie Zoydo est autrice et réalisatrice. Elle accompagne le monde du cinéma vers les nouveaux récits, pour transmettre la pensée complexe ou « systémique » dans les scénarios. Elle est cofondatrice de l’Assemblée citoyenne des imaginaires avec bluenove et le festival Atmosphères soutenu par l’Ademe. Sur une commande de la Commission nationale du débat public (CNDP), Valérie Zoydo a cosigné avec Xavier Ournac et Anne-Sophie Novel Ma parole a du pouvoir, un film citoyen qui met en avant l’horizontalité et l’inclusion.

Point commun : Vous avez eu carte blanche sur la forme, mais avec quels objectifs ?

Valérie Zoydo : Celui de faire connaître au public l’existence de la CNDP et mettre en avant son rôle de « contre-pouvoir ». À la base, c’est un film, sorti en ligne, qui doit s’adresser au grand public, à l’occasion du débat public imPACtons !, le centième débat de la CNDP, mais aussi le premier sur la Politique agricole commune européenne (la PAC). On savait qu’il allait y avoir des retours, des comptes-rendus, un bilan. C’était une belle occasion pour faire un film qui raconte cette institution qui recueille, qui accueille la parole du public. « Ma parole a du pouvoir » est non seulement le titre de ce film, mais aussi le nouveau slogan de la CNDP.

Ce documentaire est axé sur les trois piliers de la CNDP :

  • premièrement, le droit à l’information et à la formation ; 
  • deuxièmement, le droit à la participation ;
  • et troisièmement, le droit à la prise de décision. 

Ce que l’on y voit, c’est le citoyen qui donne son avis et qui influence la décision publique. Une démarche d’inclusion et d’horizontalité du débat qui inclut les citoyens, les élus et les experts.

Ce qui m’a intéressée, en tant que réalisatrice, c’est « l’empuissantement » du citoyen et de parier sur un « citoyen expert ».

Point commun : Comment avez-vous éditorialisé ce jeu d’acteur ?

Valérie Zoydo : Ce qui m’a intéressée, en tant que réalisatrice, c’est « l’empuissantement » du citoyen et de parier sur un « citoyen expert ». Nous avons voulu mettre en lumière comment la CNDP donne aux habitants les outils pour se faire leur propre avis. Pour la PAC, justement, cela voulait dire aller à la rencontre des citoyens pour qu’ils nous parlent des enjeux à leur niveau. La CNDP a également développé une approche coopérative. L’idée : qu’elle soit un laboratoire de transition à la fois écologique, numérique et démocratique. Un positionnement à la croisée des chemins qui permet d’épouser les codes du web citoyen, la « démocratie liquide », pour passer d’un système démocratique représentatif à un système participatif et délibératif.

Point commun : Dans quels territoires êtes-vous allés tourner ?

Valérie Zoydo : En 2020, dans une période délicate pour les déplacements, nous sommes allés dans certains territoires ruraux, comme à Tarbes, Saint-Brieuc, Châlons-en-Champagne et tant d’autres espaces au cœur du domaine agricole français. Mais ce sont des gens, que nous avons rencontrés. Je me souviens par exemple de Pauline Robert de la ferme du Bouscaillous dans les Pyrénées-Orientales. Pour le reste, dans des métropoles, nous avons rencontré Loïc Blondiaux, politologue, professeur à la Sorbonne et spécialiste de ces questions [ndlr : et intervenant en conférence d’ouverture au Forum Cap’Com de Rennes], mais aussi Florent Augagneur, figure de la CNDP, ou l’universitaire Hélène Landemore.

Point commun : Avez-vous découvert une voie pour mieux associer les citoyens ?

Valérie Zoydo : Il faudrait faire comme avec l’Assemblée citoyenne des imaginaires, que je cofonde avec le festival Atmosphères, bluenove et l’Ademe : les associer à la rédaction d’un nouveau contrat social. 

Il est important de permettre une appréhension du futur souhaitable à travers l’image et l’émotion.

On est en train de changer de civilisation. Il faut en parler ensemble, sonder les citoyens, faire un état des lieux, former aux enjeux complexes des révolutions simultanées que l’on est en train de vivre. Ensuite, pour partager le résultat de ce travail, il faudrait soumettre cette matière à des scénaristes professionnels. Ils sauront distiller ces enjeux dans les histoires, à travers la psychologie des personnages, les éléments de décor, les enjeux narratifs, faire converger réel et fiction. Il est important de permettre une appréhension de futurs souhaitables à travers l’image et l’émotion.  

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