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La communication publique contribue-t-elle au débat public ?

Publié le : 8 février 2024 à 07:37
Dernière mise à jour : 8 février 2024 à 16:24
Par Bernard Deljarrie

À l’occasion du 35e Forum de la communication publique et territoriale de Toulouse, Cap’Com a souhaité, avec l'Ifop, évaluer la perception qu’ont les Français du débat public actuel et de la place qu’y joue la communication publique.

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La qualité du débat public permet-elle encore le vivre-ensemble et l’implication des citoyens dans la décision publique ? La parole publique favorise-t-elle ce débat ou est-elle ignorée ou submergée dans le brouhaha médiatique ? Voilà bien une question qui préoccupe les communicants publics, qui ont le sentiment que leur parole est peu audible. La profusion et la diversité des informations véhiculées par internet et les réseaux sociaux ne conduisent-elles pas à détourner l’intérêt des citoyens pour les débats publics ? D’autant plus que les opinions semblent aujourd’hui se polariser, portées par la simplicité des petites phrases et l’efficacité des infox que véhiculent facilement les réseaux, alors même que la parole publique est complexe, demande de la pédagogie et prétend à une certaine neutralité.

Face à ces interrogations, Cap’Com a interrogé les Français (étude Ifop/Cap’Com) pour évaluer leur perception du débat public actuel. Trois enseignements apparaissent.

L'impact des réseaux sociaux sur les débats publics

Les Français montrent des perceptions divergentes quant à l'impact d'internet et des réseaux sociaux sur leur engagement dans les débats publics. Une majorité semble indiquer que la profusion et la diversité des points de vue véhiculés par internet et les réseaux sociaux n’affectent pas leur intérêt ou leur participation aux débats publics. Une fraction significative des répondants voit même une influence positive, stimulant davantage leur intérêt et leur participation. Les jeunes et les catégories sociales supérieures sont plus enclins à porter un regard positif.

Cependant, 1 Français sur 5 perçoit ces plateformes comme nuisibles, car exacerbant les divisions sociales et diminuant l'engagement civique. Ces divergences soulignent la complexité des attitudes et des situations individuelles face à l'influence des médias sociaux sur le débat public.

Mais les Français regrettent qu’une expression polarisée des opinions, largement portée par les réseaux sociaux, compromette le débat public. Pour 56 % des répondants, la très forte expression dans l’espace public de valeurs, de croyances, de convictions qui peuvent apparaître intolérantes envers des opinions opposées nuit au débat public et conduit à des divisions profondes dans la société. Le débat public, actuellement perçu comme plus virulent, est toutefois mieux accepté et valorisé par les jeunes générations.

Cette profusion des données et cette polarisation des opinions empêchent-elles les Français de confronter leurs points de vue ? Il semblerait que non. Deux tiers des répondants reconnaissent que la virulence des échanges, les réactions vives et les postures conflictuelles présentes dans l’espace public ne les empêchent pas de communiquer et de confronter leurs points de vue.

Quel rôle joue la communication publique pour favoriser le débat public ?

Bonne nouvelle ! Dans le contexte actuel du débat public, une majorité relative des personnes interrogées estime que la communication publique de leurs collectivités contribue à leur compréhension des politiques publiques, même si cela ne se traduit pas toujours par une participation active aux débats. Cela met en lumière la pénétration de la communication publique locale mais aussi le chemin qu’il reste à parcourir pour augmenter son impact sur ses audiences. Car spontanément 1 Français sur 5 déclare ne pas s’intéresser à la communication diffusée par les collectivités publiques. Et 1 sur 3 avoue que, si la communication publique les touche, elle ne contribue toutefois pas vraiment à leur compréhension des politiques publiques.

Plus précisément, l’étude Ifop/Cap’Com permet d’identifier trois groupes de Français au regard du débat public et du rôle de la communication publique.

  • Les « impliqués », 14 % : ceux qui s’intéressent et participent aux débats publics et pour qui la communication publique de leurs collectivités contribue à leur compréhension des politiques publiques.
  • Les « intéressés », 38 % : ceux qui ne participent pas aux débats publics mais qui reconnaissent que la communication publique de leurs collectivités contribue à leur compréhension des politiques publiques.
  • Les « indifférents », 48 % : ceux qui ne se sentent pas concernés par les débats publics et qui ne sont pas intéressés par la communication publique car elle ne contribue pas significativement à leur compréhension des politiques publiques.

Les « impliqués » participent aux débats publics et s’intéressent à la communication publique

Penchons-nous sur cette catégorie des « impliqués » qui représentent 14 % des plus de 18 ans. Plus jeunes, appartenant aux catégories sociales supérieures, mais pas forcément plus urbains, ces Français déclarent que la communication publique contribue à leur engagement public. La profusion et la diversité des données et des points de vue disponibles à travers les réseaux sociaux et internet ne les empêchent pas de s’intéresser aux débats publics et d'y participer. Bien au contraire, pour eux (62 %), cette abondance d’information contribue même à l’intérêt qu’ils portent aux débats. Un résultat élevé très significativement supérieur à la moyenne des Français (26 %). Pour deux tiers d’entre eux, ils reconnaissent aussi que la virulence des débats publics ne les empêche pas de s’exprimer, ni de confronter leurs points de vue.

Cette catégorie de Français semble donc s’emparer de la communication publique de leur collectivité pour participer au débat public local, en recherchant le débat d'idées, même s'il est conflictuel, soulignant ainsi une certaine volonté de confronter les points de vue.

(1) Étude quantitative Omnibus/Ifop pour Cap’Com, menée les 8 et 9 novembre 2023, par questionnaire on line sur panel propriétaire. Échantillon : 1 007 répondants âgés de 18 ans et plus (marge d’erreur +/- 3 points). Le questionnaire : quatre questions à choix unique.

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