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Pages de com : « Aux alentours » par Mickaël Labbé

Publié le : 14 avril 2022 à 07:18
Dernière mise à jour : 14 avril 2022 à 12:34
Par Yves Charmont

C’est un philosophe, spécialiste de la réflexion sur l’architecture, qui chemine dans sa ville, Strasbourg, et qui s’interroge sur sa « nature ». Un éclairage pour les communicants publics urbains que nous sommes (pour l’essentiel) et une prise de parole spontanée, d’une grande sincérité, qui éclaire sur la façon de faire récit, dans sa ville, aujourd’hui.

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Ne nous le cachons pas, le fait que Mickaël Labbé parcoure ainsi la ville d’accueil du prochain Forum était un très bon motif pour se lancer dans cette lecture. Plutôt orientée architecture et transition, mais hors des sentiers battus, dans tous les sens du terme. Cet ouvrage n’a pas été écrit pour les experts ni pour les puristes, dixit Mickaël Labbé. Bonne idée. Le style est agréable, vivant, autant que le fil des pensées du maître de conférences de l’université de Strasbourg, un matin de pandémie, rejoignant son poste depuis la périphérie de la ville, en famille, libre, ouvert, en mode vadrouille. Depuis le quartier de Kœnigshoffen, l’auteur revisite sa quotidienneté, réinterroge son mode de vie, la ville, la nature, l’opposition ville/nature, ses propres contradictions, son parcours, ses parcours, tout en emmenant ses enfants en vélo-cargo à assistance « éclectique ».

Rien que pour cet exercice, cela vaut le détour de pédale. On pourrait même (mais à qui faudrait-il s’adresser ?) imaginer une visite pro lors du Forum en novembre 2022 sur les empreintes des roues du cyclosophe alsacien ! Il pense. Il sait le faire. Il imagine derrière une latte de bois la pluie qui jadis arrosait l’arbre dont il est issu (pas pour les puristes, disait-il ?). Il ouvre ses chakras et capte les résonances des maisons/être, des lieux vivants, des non-lieux, tout aussi vivants, avec une obstination à tout remettre en cause. Il accuse également. La métropolisation qui agit contre « la biodiversité humaine ». Il imagine une architecture qui consisterait à ne rien faire, « à simplement laisser être » (p. 81). Un minimalisme où il faudrait apprendre « à ne pas trop la ramener », interrogeant sans le savoir d’autres métiers, comme le nôtre. Il déconstruit, on le voit, sans démolir, mais sans molir. Il fustige jusqu’à la promotion d’un programme immobilier d’un groupe qui excelle « dans la communication »… Oups ! En fait, Mickaël Labbé parle de commercialisation, de publicités matraquant jusqu’à la caricature des arguments verts par pur mercantilisme.

Aux alentours nous parle de la ville, comme il parle, en creux, de celui qui la voit. L’auteur nous aide à comprendre ceux qui interrogent ces modèles, la façon dont ils reviennent aux fondations, leur cheminement intellectuel, comme, finalement, leur cheminement physique. C’est tout à fait transposable à notre discipline, la communication publique, qui va bien au-delà des actions promotionnelles ;-) et qui se laisse elle aussi « inspirer » par les gens et les lieux. Partir de l’existant, le réparer, le consolider.

Aux alentours
Regard écologique sur la ville
Mickaël Labbé
Payot
Octobre 2021
200 pages

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